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Monastères

 

Avec pour Siège monastique Drowo Lung Sékhar Guthok, puis Nénang, l'actuel centre de la lignée, les Palden Pawos eurent plusieurs autres monastères sous leur responsabilité, tous situés au Tibet Central à une exception près. Les Sièges et leurs filiales ont subi de graves dommages lors de la Révolution culturelle chinoise (1966-1976) mais, pour la plupart, ils ont retrouvé une part de leur éclat grâce à des travaux de restauration.

 

 

Lhodrag

 

Située à la frontière du Bhoutan, la région a de tout temps été célèbre pour ses vallées et ses falaises abritant monastères et ermitages.

Drowo Lung Sékhar Guthok, le premier Siège de la lignée

Appelé aussi Sé Sang-ngag Chöling, il s'agit du lieu saint le plus célèbre de la région, considéré comme « la source des lignées Kagyüs ». C'est chronologiquement le premier siège de la lignée des Palden Pawos, confié au 1er Palden Pawo, Chöwang Lhündrup (1455-1503), par le 7e Karmapa, Chödrag Gyatso (1454-1506) lorsqu'il lui demanda de devenir l'un des gardiens de sa lignée spirituelle. Les Palden Pawos furent dès lors communément appelés Lhodrag Pawo jusqu'au milieu des années 1660, quand le 5e Dalai Lama (1617-1682) transféra le siège de la lignée d'incarnations à Nénang. Les Palden Pawos y séjournèrent toutefois encore de temps à autres et c'est là que naquit le 9e Palden Pawo (1842 ?- 1909).

Le complexe de Sékhar Guthok était à l'origine l'ancienne résidence du père de la lignée Kagyü, Marpa le Traducteur (1012-1097) et de sa famille. Au fil du temps, elle s'est augmentée d'autres constructions autour d'une cour dominée par une tour, vraisemblablement bâtie entre 1077 et 1084 par Milarépa (1040-1123), alors que Marpa l'éprouvait en lui faisant subir épreuves sur épreuves.

Cette tour, dite « à neuf étages » pour souligner sa grande hauteur – en réalité, sept étages pour une vingtaine de mètres de haut –, a été couverte par le 2e Palden Pawo, Tsuglag Trengwa (1504-1566) d'un toit « à la chinoise » fait de cuivre doré, et ornée d'un revêtement mural de métal doré repoussé représentant une frise de Bouddhas. A l'intérieur, chaque étage abritait un temple où étaient conservées des reliques de maîtres indiens, de différents Palden Pawos, de Milarépa ou de Marpa qui, autrefois, résidait parfois à l'étage supérieur. Un rebord extérieur permettait aux pèlerins d'effectuer la circumambulation de cette dernière salle.

L'ensemble a été endommagé durant la Révolution culturelle, mais des travaux de réfection et de reconstruction ont débuté dans les années 1990, redonnant partiellement son lustre au lieu. Si les stupas, les statues et la grande collection de thangkas qui l'ornaient ont disparu, sa bibliothèque – en partie éparpillée au 17e s, mais encore très réputée au début du 20e s. – a été relativement sauvegardée. Elle comprend des ouvrages anciens, dont des dizaines de manuscrits datant des 8e-12e s., réunis par Marpa puis par Pawo Tsuglag Trengwa.

La structure de la tour n'a pas été trop abîmée, cependant le métal doré du toit et du mur supérieur a été retiré durant la Révolution culturelle, mettant ainsi en péril les peintures murales, dont les plus anciennes représentations de Marpa et de Milarépa (voir ici).

Outre l'ancien temple dédié aux Protecteurs du Dharma, on peut voir aujourd'hui des statues récentes de Padmasambhava et de ses différents aspects, un stupa ancien, des statues de Milarépa, de Marpa, de sa principale épouse Daméma et de leur fils Darma Dodé. Des empreintes de pied dans la roche faites par Marpa et Daméma sont encore visibles.

Une série de photographies de Sékhar Guthog, prises en 1950, est consultable ici.

Lhalung Gön

 

Ce lieu, dont le nom complet est Thekchog Rabgyé Ling, est célèbre pour être lié à Lhalung Palgyi Dorjé, un disciple de Padmasambhava qui tua en 842 le roi Langdarma dont la politique anti-bouddhiste mettait à bas la fragile implantation de la religion indienne au Tibet.

Installé à Sékhar Guthok, le 2e Palden Pawo fit de Lhalung sa seconde résidence. Lorsqu'au 17e siècle le siège de la lignée des Palden Pawos fut transféré à Nénang, Lhalung Gön devint un monastère Nyingma, particulièrement responsable du maintien de la transmission des « termas du Sud » de Péma Lingpa (1450-1521). Depuis lors, une lignée d'incarnation de Péma Lingpa y est rattachée.

Les bâtiments originaux du 7e s. sont parmi les plus anciens édifices religieux du Tibet et renfermaient des trésors de l'art et de la littérature bouddhiques. Partiellement détruits pendant la Révolution culturelle, ils sont l'objet d'une restauration essentiellement financée par la Région autonome du Tibet.

 

Tölung-Tsurpu

La vallée de Tölung, à l'ouest de Lhassa, est le centre de la lignée Karma-Kagyü depuis que son dirigeant, le 1er Karmapa, Düsum Khyenpa (1110-1193), y fit construire le monastère de Tsurpu (1187) dans une large combe à l'extrémité de la vallée formée par la rivière Drowo.

 

Nénang Püntsog Chödar Ling, le Siège actuel de la lignée

Le monastère de Nénang, à une vingtaine de kilomètres de Tsurpu et à une dizaine de kilomètres de l'entrée de la vallée, a été construit en 1333 par le 1er Shamarpa, Dragpa Senge (1285-1349), sur les flans de la montagne, au-dessus du village de Kardo.

Le monastère devint le centre du pouvoir politique de la lignée d'incarnations des Shamarpas, aux 15e-16e siècles, dont les princes du Tsang qui imposèrent leur autorité sur le Tibet central s'étaient faits les protecteurs.

Au milieu des années 1660, après son accession au pouvoir, le 5e Dalai Lama (1617-1682) désigna Nénang comme siège monastique de la lignée des Palden Pawos et confia le monastère et ses filiales au 5e Palden Pawo, Tsuglag Trinlé Gyatso (1650-1700). Dès lors, les Palden Pawos furent appelés Nénang Pawo.

Abritant une centaine de moines, Nénang renfermait de nombreux trésors de l'art et de la culture bouddhiques du Tibet : statues de Bouddhas et de bodhisattvas en or et en argent, statues grandeur nature des Shamarpas ou des Karmapas, thangkas, textes imprimés ou manuscrits rares, stupas contenant les reliques des Shamarpas, des Palden Pawos, etc. Déjà fort endommagé après le soulèvement de Lhassa contre les Chinois en 1959, tout ou presque fut volé ou disparut lors du dynamitage et de l'incendie du monastère au début de la Révolution culturelle.

 

 

Maison des moines dans les décombres du monastère (début des années 1980)

 

Les ruines des énormes murs restèrent à l'abandon jusqu'aux années 1980, quand Nénang fut intégré à un vaste projet de reconstruction des temples et des monastères. Alors que Tsurpu ressortait lui aussi de terre, quelques anciens moines avaient déjà commencé les travaux pour bâtir un embryon de temple et une résidence pour le 10e Palden Pawo, Tsuglag Mawéi Wangchug (1912-1991), exilé depuis 1959.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nénang restauré

 

Depuis lors, Nénang a retrouvé une vie spirituelle sous la conduite du 11e Palden Pawo (1994-), et abrite environ 70 moines. Un centre de retraites de longue durée a été bâti sur les flans de la montagne voisine et une école a pu être mise en place à Kardo, au pied du monastère.

En 2009, un tremblement de terre a sévèrement endommagé les bâtiments. Aux travaux de réparation se sont ajoutés des travaux d'agrandissement pour permettre un meilleur accueil des résidents.

 

Drak

 

Située au sud de Lhassa sur la rive gauche du Brahmapoutre, cette région est particulièrement célèbre pour ses lieux saints de la lignée Nyingma, dont ceux marqués par la présence de Padmasambhava et de sa principale compagne tibétaine, Yéshé Tsogyel. Les Palden Pawos eurent en charge plusieurs de ces lieux, notamment :

 

Ngagdra Gön

 

Fondé par Nub Sangyé Yéshé (9e s.), un des vingt-cinq proches disciples de Padmasambhava, Ngagdra Gön fut un lieu réputé où vécut d'abord une communauté de yogis laïcs. Par la suite, il fut pris en charge par la lignée Karma-Kagyü et accueillit dès lors une quarantaine de moines. Confié aux Palden Pawos par le 5e Dalai Lama, le temple principal fut embelli au 18e siècle par le 7e Palden Pawo, Tsuglag Gawa (1718/19-1781/82), qui le dota d'une statue de cuivre doré du Bouddha et de statues des principaux shravakas, des grands bodhisattvas, etc.

Situé à l'étage du bâtiment principal, le temple était orné de statues des maîtres du Rosaire d'or des Kagyüs et d'une cinquantaine de statues de maîtres des différentes lignées spirituelles. Le lieu a été partiellement restauré.

 

Ngar Pug

 

A proximité, sur les hauteurs de Ngagdra Gön, se trouve Ngar Pug, le lieu de naissance de Mélong Dorjé (1242-1303), un important maître du Maha Ati. Les Palden Pawos eurent en charge ce lieu saint où le 7e Palden Pawo installa une nonnerie qui comptait une dizaine de religieuses.

 

Dzong Khampug

 

Il s'agit d'un véritable labyrinthe de grottes et de galeries dans une falaise située à quelques heures de marche de Ngagdra Gön. La tradition orale affirme que Padmasambhava y resta en retraite avec sa compagne Yéshé Tsogyel. Ils vécurent principalement dans une gigantesque caverne d'une cinquantaine de mètres de haut, au centre de laquelle un temple fut ensuite construit avec, tout autour dans la roche, un complexe d'ermitages. L'ensemble a été détruit pendant la Révolution culturelle. Un nouveau temple y a été rebâti avec une hôtellerie pour les pèlerins.

 

Dranang

 

Située sur la rive droite du Brahmapoutre, au sud de Lhassa, la région est connue pour ses nombreux lieux reliés à la lignée Nyingma, notamment le grand monastère de Mindröling.

 

Déden Damchö Ling

 

Au 18e siècle, le 7e Palden Pawo fit bâtir cette nonnerie à Tashi Ling, sur le lieu de naissance de Longchen Rabjampa (1308-1364), un des plus importants maîtres de la lignée Nyingma. Une cinquantaine de nonnes y vivaient, pratiquant le Mahamudra et le Maha Ati. Il existait une seconde nonnerie dont on ignore le nom. Toutes deux étaient rattachées au monastère de Lhalung Gön.

 

Kongpo

 

Le région du Kongpo, dans la boucle du Brahmapoutre, est l'une des plus souriantes du Tibet, avec ses vallées verdoyantes et fertiles au milieu des montagnes et des glaciers dépassant les 6000m d'altitude. Les lieux saints y sont très nombreux. Plusieurs Palden Pawos y séjournèrent, mais le 7e Palden Pawo y laissa une empreinte très forte.

 

Tapag Tongdröl Ling

 

Dans le Haut Kongpo, dans un endroit appelé Tané, particulièrement béni par Hayagriva – Tané, « le lieu saint (Né, gnas) de Havagriva (Ta, rta) » –, le 7e Palden Pawo fit bâtir la nonnerie de Tapag Tongdröl Ling avec, notamment, un grand stupa et, dans le temple principal, diverses statues de Hayagriva et Vajravarahi en union, de Vajrakilaya, de Padmasambhava, etc. Une quinzaine de nonnes y vivaient retirées sous la conduite d'un lama résident.

 

Puri ?

Ngédön Chöling

Le catalogue des possessions des Palden Pawos cite un monastère de nonnes connu sous le nom de Puri Ngédön Chöling (spu ri nges don chos gling). Si l'on sait que ce lieu était une filiale géographiquement éloignée de Nénang, l'incertitude subsiste quant à sa localisation exacte.

Une vingtaine de nonnes y vivaient et, à Nénang ou dans ses filiales, quelques moines ou nonnes étaient originaires de ses terres.

Kham

Tana Gön

Les informations manquent sur les liens qui existèrent entre ce monastère, situé dans le royaume de Nangchen, et la lignée des Palden Pawos. Très important centre spirituel de la lignée Yelpa-Kagyü, l'une des huit "petites" lignées Kagyüs, il a été fondé en 1188 par le père de cette lignée, Yelpa Yéshé Tseg (1134-1194) qui y décéda.

 

Le monastère passa sous la responsabilité des Karmapas, devenant ainsi une filiale de Tsurpu tout en maintenant les enseignements qui lui étaient propres. Dans le courant du 19e s., certainement dans les années 1830, le 8e Palden Pawo (1785-1841) en fut nommé responsable temporaire, sans que l'on sache pourquoi, ni combien de temps. En grande partie détruit pendant la Révolution culturelle, il a été rebâti et est aujourd'hui le seul monastère Yelpa-Kagyü en activité au Tibet.

Népal
Bodhnath

 

Un des plus importants lieux saints du bouddhisme au Népal, Bodhnath a depuis fort longtemps accueilli une communauté tibétaine attirée là par le grand stupa que la tradition relie à Padmasambhava. Cette présence tibétaine s'est renforcée à partir de 1959 et l'arrivée de nombreux réfugiés. Les lignées de transmission du bouddhisme tibétain y ont aujourd'hui un ou plusieurs monastères.

Nehnang Püntsok Chöling

 

Avant de décéder, le 16e Karmapa (1924-1981) avait demandé au 10e Palden Pawo de transmettre tous les enseignements qu'il détenait aux autres responsables de la pérennité de la lignée Karma-Kagyü.

Réfugié en France depuis 1975, il consentit à lancer le projet de construction d'un monastère au Népal où il lui serait plus commode d'enseigner aux autres maîtres spirituels tibétains et, au début des années 1980, un lopin de terre fut acheté à proximité du grand stupa de Bodhnath. Il vint s'y installer en novembre 1986.

Après son décès en août 1991, le monastère hébergeant une vingtaine de moines resta sous la conduite du Lama Karma Tsültrim (1911-2004) et du Lama Ngédön Chöpel (1950-2008). Il est aujourd'hui sous la responsabilité de Lama Sonam.

Le temple est décoré de peintures murales représentant les différents Palden Pawos et les Karmapas.

Monastère de Nehnang restauré
Monastère de Nehnang avant restauration
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